Opéra en trois actes de Vincenzo Bellini, sur un livret de Carlo Pepoli d'après Ancelot et Saintine (1835)
Direction : Fabio Luisi - Mise en scène : Andreas Homoki
Opernhaus Zürich, 3 juillet 2016
Arturo (Lawrence Brownlee), Elvira (Pretty Yende) et Ricardo (George Petean) - Crédit photo : Judith Schlosser - Opernhaus Zürich |
En un mot : série B
Si l’Opernhaus Zürich n’est ni Bayreuth, ni
la Scala, ni l’Opéra Garnier, force est de reconnaître que la programmation
fait preuve d’une certaine ambition et que l’on y a vu au cours de la saison
écoulé quelques bien jolies choses. C’est ce qui rend d’autant plus désespérant
de voir la saison se terminer sur une production absolument sans envergure
telle qu’I Puritani de Vincenzo
Bellini, numéro d’équilibrisme entre le convenable et le passable. Et il est
inquiétant de réaliser que la production la moins ambitieuse de l’année a pour
metteur en scène l’intendant de l’Opernhaus, Andreas Homoki, et le chef
résident, Fabio Luisi, à la direction musicale. Soyons clair, I Puritani n’était pas un mauvais
spectacle. Mais c’était une production d’un niveau bien inférieur à ce que l’on
est en droit d’attendre à Zürich.
Sans relief
On ne va pas s’attarder trop sur l’œuvre, le
dernier opéra composé par Bellini, musicalement assez beau mais pas franchement
palpitant, deux amants séparés par la guerre civile entre royalistes et
puritains éponymes. Les amants sont interprétés par Pretty Yende, qui délivre
une interprétation convenable mais semble être à la limite de ses capacités, et
Lawrence Brownlee qui tient plutôt bien son rôle, sans pour autant susciter
l’enthousiasme. La direction musicale de Fabio Luisi est correcte mais sans
éclat, un triste contraste avec sa jubilatoire direction de la Flûte enchantée.
Les costumes sont insipides, mais
paraissent briller de mille feux devant la pauvreté du décor : un plateau
nu à l’exception de chaises et d’un grand cylindre vertical ouvert sur un flanc
qui occupe la moitié du plateau et tourne sur lui-même à vitesse variable.
C’est laid, pauvre, sans intérêt ou inspiration.
Sur le plan de la mise en scène, Andreas
Homoki semble avoir eu aussi peu d’inspiration que pour le décor, ce qui n’est
finalement pas plus mal : on s’ennuie, mais c’est pire quand Homoki a une
idée de mise en scène, chose heureusement assez rare. En ce sens, c’est plus
réussi que son Wozzeck.
Sa plus grande trouvaille consiste à faire
mourir le héros, quand il survit et épouse l’héroïne dans le livret. Evidemment,
ce n’est pas raccord, et comme le coup de théâtre intervient à deux minutes du
rideau, juste avant le chœur final, il n’y pas franchement le temps de
rattraper le coup. On peut suggèrer à Homoki de plutôt mettre en scène Aïda,
Tosca, Norma… Le répertoire lyrique ne manque pas de héros mourant à la fin de
leurs opéras, et au moins, ça ne tombera pas comme un cheveu sur la soupe :
tout le monde se congratulant, louant la victoire de l’amour et de la liberté,
avec la tête du héros mort par terre dans un sac, ça ne marche pas.
Si la soirée fut sans grand intérêt et
ennuyeuse, on ne peut pas reprocher à I
Puritani d’être une mauvaise production, ce n’est pas le cas. L’ennui naît
d’un opéra moyennement intéressant, sur lequel n’a été assuré que le service
minimal : interprètes pas transcendants, direction d’orchestre plan-plan,
mise en scène minimale et sans inspiration, costumes sans reliefs, décors
moches et basiques. Et il est fort cuisant de voir une production digne d’un
petit opéra de province, pauvre et paresseuse, dans une salle qui aime à croire
être un opéra important, et qui le fait payer aux spectateurs aux mêmes prix
qu’à Vienne, Paris ou Milan.
Swann
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